Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/552

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commettre des barbares nouvellement arrivés des rivages de la mer Baltique.

Il paroît même en lisant avec réflexion l’histoire de notre monarchie, que ce furent les guerres civiles, allumées, il est vrai, presque toujours par les rois Francs, mais dont les Romains portoient eux-mêmes le flambeau au milieu des cités voisines de la leur, qui changerent dans les Gaules les bâtimens en masures, les champs labourés en forêts, les prairies en marécages, et qui réduisirent enfin cette contrée si florissante encore sous le regne de Clovis, dans l’état de misere et de dévastation où elle étoit au commencement du huitiéme siecle. Mais l’expérience même, ne sçauroit corriger les habitans des Gaules de ceux de leurs vices qui sont le plus opposés au maintien de la societé, et sur tout de leur legereté naturelle, comme de leur précipitation à recourir aux armes, et à en venir aux voies de fait, laquelle a si souvent été cause qu’ils se sont battus sans avoir de veritables querelles. Ces vices qui ont ouvert l’entrée des Gaules aux Romains, et qui dans la suite les ont livrées aux Barbares, y causeront toujours les maux les plus funestes toutes les fois que leurs peuples ne seront point sous un souverain assez autorisé pour les empêcher de se détruire, et pour les forcer à vivre heureux dans le plus aimable pays de l’Europe.

Les particuliers qui composoient les milices des cités étoient tenus de marcher dès qu’ils étoient commandés ; et ceux qui restoient chez eux après avoir reçû l’ordre de joindre l’armée, étoient punis comme désobéissans. Quant à ce point-là, le citoyen Romain étoit traité par ses supérieurs, ainsi que le Barbare l’étoit par les siens. Gregoire de Tours après avoir parlé d’une expédition que le roi Gontran avoit faite dans le pays de Commenge, ajoute ce qui suit : » Les Juges rendirent ensuite une Ordonnance où il étoit statué, que chacun de ceux qui avoient manqué à se rendre à l’armée dans le tems où il leur avoit été enjoint de s’y trouver, seroit condamné à une amende, & en conséquence le Comte de la Cité de Bourges envoya quelques-uns de ses Officiers dans une Métairie de son District, & qui étoit du Domaine de Saint Martin, pour