Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/553

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contraindre ceux qui demeuroient dans cette maison & qui étoient dans le cas de l’Ordonnance, à payer l’amende. L’Intendant de la Métairie s’y opposa, disant que ces personnes ne devoient point payer l’amende, parce qu’elles appartenoient à Saint Martin, & qu’il n’étoit pas d’usage qu’elles marchassent en des cas pareils à celui où l’on s’étoit trouvé. » En effet elles ne payerent pas l’amende ordinaire. Il n’y a point d’apparence que ces personnes qui appartenoient à saint Martin, c’est-à-dire, qui faisoient valoir les fonds d’une métairie appartenante à l’église de saint Martin, fussent des Barbares.

Après la mort de Chilpéric assassiné à Chelles par un inconnu, Ebérulfus l’un des officiers du palais fut accusé par la reine Frédegonde d’avoir fait tuer le roi son mari. Ebérulfus se réfugia dans l’église de saint Martin de Tours. On sçait que nos rois avoient alors un si grand respect pour ces aziles, qu’ils n’attentoient rien de plus contre celui qui s’y étoit réfugié, que d’en faire garder toutes les issuës pour l’empêcher de s’évader. Quand nos rois avoient pris cette précaution, ils attendoient que l’ennui réduisît le fugitif à faire, pour se sauver, des tentatives qui le livrassent à ceux qui le guettoient, ou que l’évêque le remît entre les mains de leurs officiers. Les milices du canton de Blois et celles de la cité d’Orleans furent donc commandées pour monter alternativement la garde à toutes les avenues de l’enceinte de l’église de S. Martin qui n’étoit point enclose pour lors dans les murs de la ville de Tours. Quand la milice de Blois avoit monté la garde durant quinze jours, elle étoit relevée par celle d’Orleans, qui à son tour étoit relevée par la milice de Blois au bout d’un pareil terme. Mais ce qui peut servir encore de preuve à ce que nous avons dit concernant la maniere dont les cités voisines vivoient ensemble, nos milices traitoient la Touraine en pays de conquête. Les soldats y prenoient le bétail et les chevaux qu’ils pouvoient attrapper, et ils en emmenoient avec eux un bon nombre, toutes les fois qu’ils retournoient dans leur pays.

Pour peu qu’on soit versé dans le style de Gregoire de Tours, on sçait bien que lorsqu’il dit absolument, les Chartrains, les Orleannois, ou les Parisiens, c’est des Romains de ces cités qu’il