Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/555

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Lorsque Gregoire de Tours veut parler de la peuplade de Francs établie dans la cité de Tournai, il ne la désigne point par l’appellation d’habitans du Tournaisis, employée absolument. Il la nomme les Francs Tournaisiens.

Enfin cet auteur oppose lui-même dans plusieurs endroits de ses ouvrages, le surnom d’Auvergnac, celui d’Orleanois, bref les surnoms tirés du nom des cités des Gaules, au nom de Franc, et cela en parlant d’évenemens arrivés plus d’un siécle après que les Francs se furent établis dans les Gaules. Notre historien suppose donc sensiblement, qu’en disant qu’un tel étoit Auvergnac, Orleanois, ou Parisien, il ait donné à entendre suffisamment, que ce tel étoit de la nation Romaine. Sans cela il n’y auroit eu aucune justesse à opposer Auvergnac à Franc, dit absolument, et sans faire aucune mention de la cité dont ce franc étoit. Rapportons quelques exemples.

La famille Firmina étoit une des plus illustres de l’Auvergne, même avant que cette cité fût soumise à la domination des Francs. Nous avons plusieurs lettres adressées à un Firminus par Sidonius Apollinaris qui le traite de son fils[1]. Suivant toutes les apparences un autre Firminus qui exerçoit l’emploi de comte en Auvergne, sous le regne de Clotaire I et qui fut destitué par Chramme fils de ce prince, étoit de cette famille-là. Il est aussi probable que ce Firminus est le même qu’on retrouve comte d’Auvergne sous le regne de Sigebert fils de Clotaire I[2]. Chramme s’étoit rendu si odieux, qu’on peut bien croire que dès qu’il ne fut plus, les officiers qu’il avoit déposés, n’eurent point de peine à se faire rétablir. Ainsi je crois que ce comte Firminus est le même comte Firminus que Sigebert envoya en ambassade à Constantinople. Quoiqu’il en ait été, le nom seul de cet ambassadeur suffit pour montrer qu’il étoit Romain de nation. Or Gregoire de Tours dit, en parlant de cette ambassade : « Enfin Sigebert envoya deux ambassadeurs à l’empereur Justin, Varinarius Franc de nation et Firminus Auvergnac. » L’Abbréviateur dit la même chose, en qualifiant encore Firminus de comte. Ainsi voilà Auvergnac dit absolument, opposé à Franc dans le texte de Gregoire De Tours.

Cet historien parlant d’une autre ambassade, de celle que

  1. Lib. 9. Ep. 1 & 17.
  2. Greg. Tur. Hist. Lib. 4. cap. 13.