Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/561

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taires et les autres fonds que le prince leur donnoit quand il en vacquoit à sa disposition, nos Francs ayent pris du moins aux anciens habitans des Gaules une partie de leurs esclaves et de leur betail. On sçait bien que dans ces tems-là, vendre ou donner une metairie, ce n’étoit pas seulement vendre ou donner une certaine quantité d’arpens de terre et quelques bâtimens : c’étoit encore disposer en faveur du gratifié ou de l’acquereur, du betail, et mêmes des esclaves qui mettoient ces terres en valeur. C’est ce qu’on observe en lisant les chartres des donations, faites sous la premiere race et sous la seconde.

Enfin on ne lit dans aucun auteur ancien ; que Clovis ait donné une portion de terre Salique à chacun des Francs qui l’avoient suivi. Ainsi plusieurs d’entr’eux peuvent bien avoir été recompensés par des bienfaits d’une autre nature.

J’ajouterai pour confirmer ce qui vient d’être dit concernant l’origine des terres Saliques, qu’elles se trouvent designées par l’appellation de Benefice, non-seulement sous les rois de la premiere race, mais aussi sous les rois de la seconde. On lit dans la vie de sainte Godeberte qu’on reconnoît à son nom pour être sortie de la nation des Francs, et qui fleurissoit sous le regne de Clotaire II. » Godeberte étoit née de parens Chrétiens, domiciliés dans un Canton de la Cité d’Amiens. Ils l’éleverent auprès d’eux. Dès qu’elle fut nubile, elle fut recherchée par plusieurs personnes de consideration, parce qu’elle étoit d’une naissance illustre ; mais ses parens n’osoient la marier sans le consentement du Roi, d’autant qu’ils tenoient de lui un benefice militaire. » Apparemment qu’ils n’avoient pas de garçon, et que souhaitant de faire passer ce benefice à leur gendre, ils vouloient en prendre un qui fût assez agreable au roi, pour obtenir de lui la grace necessaire à l’execution de leur projet.

Il est parlé dans une infinité d’endroits des capitulaires des rois de la seconde race de benefices militaires à la collation du roi : » Si quelqu’un de nos Vassaux manque à livrer à la Justice le voleur qu’il aura en son pouvoir, qu’il perde son