Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/569

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où ils s’établirent, une partie de ses fonds pour en former leurs terres Saliques, il s’ensuit que les Francs ne la lui ont point ôtée ; et s’il est permis d’user d’une pareille expression, que cette abstinence du bien d’autrui étoit l’un des motifs qui faisoient souhaiter aux Romains de cette vaste et riche contrée de passer sous la domination de nos rois.


LIVRE 6 CHAPITRE 14

CHAPITRE XIV.

Que les Revenus de Clovis & des autres Rois Mérovingiens étoient les mêmes que ceux que les Empereurs avoient dans les Gaules lorsqu’ils en étoient les Souverains. Du produit des Terres Domaniales & du Tribut public. Que les Francs étoient assujettis à la derniere de ces impositions.


Nous avons dit dans le chapitre onziéme du premier livre de cet ouvrage, que le revenu dont les empereurs Romains jouissoient dans les Gaules, étoit composé de quatre branches principales ; sçavoir du produit des terres dont l’Etat ou la république étoit le proprietaire, du produit du tribut public ou du subside ordinaire, payable géneralement parlant par tous les citoyens, à raison de leurs conditions, biens et facultés, du produit des douanes et péages établis en plusieurs lieux, et enfin des dons gratuits ou reputés tels, que les sujets faisoient quelquefois au prince. Nous avons même exposé un peu au long dans ce chapitre-là et dans les chapitres suivans, quelle étoit la maniere de lever tous ces revenus, afin qu’à la faveur des circonstances que cette déduction nous donnoit lieu de rapporter, il nous fût plus aisé de justifier dans la suite, que nos rois lorsqu’ils furent devenus les maîtres des Gaules, jouirent precisément des quatre branches de revenu dont les empereurs y avoient joui precédemment. C’est ce qu’il s’agit à present de montrer, en ramassant ce qu’on trouve à ce sujet dans les monumens litteraires de la monarchie.

S’il n’est point dit expressément et formellement dans tous ces écrits, que nos rois ont eu dans les Gaules les mêmes revenus dont y jouissoient avant eux les empereurs Romains, c’est qu’il a paru inutile à ceux qui les ont composés d’y faire mention d’une chose, que tout le monde voyoit aussi-bien qu’eux,