Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/572

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ou des rentes constituées à prix d’argent. On sçait encore par l’histoire et par les capitulaires que ces princes faisoient valoir les terres de leur domaine par des intendans, et par cette espece d’esclaves qu’on appelloit les serfs Fiscalins, parce qu’ils appartenoient au fisc. Il y a même dans les capitulaires tant d’ordonnances faites à ce sujet, qu’il suffit d’avoir ouvert le livre pour en avoir lû quelques-unes. Ainsi je ne les rapporterai point. Je ne rapporterai pas même plusieurs endroits de Gregoire de Tours ou des auteurs qui ont écrit peu de tems après lui, et qui montrent que le fisc des rois Mérovingiens avoit tous les droits que le fisc des empereurs avoit eus, et qu’il s’approprioit les biens des criminels et les biens abandonnés, parce que j’ai déja fait lire en parlant d’autres sujets un grand nombre de passages qui prouvent suffisamment cette verité.

Quand nous avons traité des revenus de l’empire Romain dans les Gaules, nous avons vû que la premiere branche de ce revenu, laquelle provenoit du produit des terres dont la proprieté appartenoit à l’Etat, avoit outre le rameau dont il vient d’être parlé, deux autres rameaux ; sçavoir un droit qui se levoit sur le gros et sur le menu bétail qu’on menoit pâturer dans les bois et autres pâturages dont le fond appartenoit en propre à l’Etat, et un autre droit qui se levoit sur ce qu’on tiroit des mines et carrieres. Nous allons trouver nos rois Mérovingiens en possession de ces deux droits-là.

Gregoire de Tours après avoir raconté plusieurs miracles arrivés à Brioude au tombeau du martyr saint Julien, dans le tems que Thierri le fils du grand Clovis regnoit sur l’Auvergne, ajoute ce qui suit : » Il y eut aussi un Diacre qui après avoir abandonné les fonctions de son état, étoit entré au service de ceux qui faisoient le recouvrement des revenus du Prince, & qui abusoit tellement de la commission qu’ils lui avoient donnée, qu’il s’étoit rendu odieux par ses vexations à tous les Pays circonvoisins. Il arriva que s’étant transporté dans la montagne pour y lever le droit du Fisc sur les troupeaux qui suivant la Coutume y étoient allés paître durant l’été, il y fit plusieurs malversations. »

Quant aux droits que nos rois levoient sur le produit des