Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/59

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votre Maître de ma part, Mais dites-lui en même tems qu’il n’est point permis à une Chrétienne d’épouser un Payen. Cependant que la volonté du Dieu que je confesse, & que j’adore publiquement, soit faite en toutes choses. Qu’il vous ait en sa garde durant le reste de votre voyage. Allez, & que personne n’apprenne rien de ce qui vient de se passer. »

En effet, le premier concile d’Arles tenu sous l’empereur Constantin Le Grand, avoit deffendu aux filles chrétiennes d’épouser des maris payens, sous peine d’être privées durant quelque tems de la communion. Aurelien vint rendre compte à Clovis de sa commission, et pendant ce tems-là Clotilde fit si bien qu’elle vint à bout de faire mettre l’anneau de ce prince parmi les joyaux du trésor de Gondebaud.

L’année suivante, Clovis envoya Aurélien revêtu du caractere d’ambassadeur faire au roi Gondebaud la demande en forme de sa niece Clotilde, comme s’il y avoit eu déja un engagement précedent, et comme s’il eût été question seulement de déclarer un mariage dont déja toutes les conditions auroient été arrêtées. Ce prince fut très-étonné d’une pareille démarche. Mes conseillers, dit-il, et mes Bourguignons verront bien que pour cette fois le roi des Francs cherche à me faire querelle. Il n’a jamais eu de relation avec ma niece. Enfin il répondit à Aurelien : il faut que vous ne veniez ici que pour épier ce qui s’y passe ; si vous n’avez pas d’autre motif de votre voyage à nous alléguer, que le dessein de faire une demande telle que l’est celle que je viens d’entendre. Pour toute réponse, vous direz à votre maître, qu’il n’y eut jamais aucun traité de mariage entre ma niece et lui. Aurelien répliqua sans changer de ton. Réflechissez à loisir, grand prince, sur ce que vous avez à faire. Le roi des Francs mon maître m’envoye donc vous demander en mariage Clotilde qui lui est déja promise. Les préparatifs convenables pour recevoir dignement une princesse d’un rang aussi grand, sont déja faits. Si vous refusez à Clovis son épouse, il viendra bien-tôt à la tête de son armée la chercher lui-même. Qu’il vienne donc, repartit Gondebaud, il me trouvera aussi à la tête de la mienne, et peut-être serai-je assez fortuné pour venger les malheureux du sang de qui ses mains sont encore teintes. Les principaux des Bourguignons informés