Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/591

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sur deux passages de Gregoire de Tours, qui vont être rapportés. Voici le premier. » Theodebert mourut enfin après avoir été long-tems malade. Les Francs haïssoient beaucoup un de ses Ministres appellé Parthenius, parce que du vivant du Roi, il les avoit surchargés d’impositions, & ils entreprirent de se défaire de ce Romain. Parthenius qui connue le danger, supplia deux Evêques d’appaiser par leurs remontrances le soulevement des esprits, & de le conduire à Tréves. » Gregoire de Tours ne dit point dans ce passage, que Parthenius eut soumis les Francs au tribut public dont ils devoient être exempts. Il dit seulement que Parthenius les avoit accablés d’impositions, c’est-à-dire, qu’abusant de la confiance de Theodebert, il l’avoit engagé à augmenter les taxes portées dans l’ancien cadastre. Voici le second passage de notre historien. Après avoir rapporté que Frédegonde se réfugia dans l’église cathédrale de Paris quand le roi Chilpéric son mari eut été assassiné[1], l’auteur ajoute : » Elle avoit auprès d’elle un Juge nommé Audoënus, qui avant qu’elle fut veuve, avoir été son complice dans plus d’un crime. C’étoit lui, qui de concert avec Mummolus, l’un des principaux Officiers des Finances, avoit obligé plusieurs Francs, qui sous le regne du Roi Childebert[2] premier, avoient été affranchis du Tribut public, à payer ce Tribut-là. » Il est vrai qu’ils s’en vengerent dès que Chilpéric eut les yeux fermés, et qu’ils pillerent si bien tous les effets de Parthenius, qu’il ne lui en resta que ce qu’il avoit sur lui.

Comme rien ne montre mieux l’existence d’une loy dont on n’a plus les tables, que des exceptions faites certainement à cette loi, il me semble que ce passage, loin de prouver que les Francs ne fussent pas sujets à payer le subside ordinaire, montre au contraire, que la loi générale les y assujettissoit. En effet, l’indignation des Francs qui en vouloient à Audoënus et à Mummolus, ne venoit pas, suivant la narration de Gregoire de Tours, de ce que nos deux Romains eussent exigé des Francs en

  1. En 581.
  2. Mort en 558.