Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/592

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général le subside ordinaire ou le tribut public, mais elle procédoit de ce qu’ils avoient exigé ce tribut de quelques Francs privilégiés, de ceux que le roi Childebert avoit affranchis du payement de l’imposition dont il s’agit.

Au reste, j’ai un bon garant quand je traduits ici Ingenuus par Affranchi en prenant ce dernier mot dans son acception la plus générale, quoiqu’Ingenuus signifie dans son acception ordinaire, un homme qui a toujours été libre. Ce garant est Gregoire de Tours lui-même, qui prend sensiblement le mot Ingenuus dans la signification d’affranchi, dans la signification d’un homme à qui l’on a ôté quelque joug. Notre historien fait dire à l’esclave que Frédégonde avoit gagné, pour tuer Prétextat évêque de Rouen : que la reine pour l’engager à commettre ce meurtre lui avoit donné cent sols d’or, et qu’elle lui avoit promis de les rendre sa femme et lui affranchis, Ingenui. On voit bien que cela signifie seulement, que la reine avoit promis de les affranchir. Toute la puissance de Frédégonde ne pouvoit pas faire que ces esclaves ne fussent point nés esclaves, et qu’ils fussent nés libres. J’avouerai, tant que l’on voudra, que le mot Ingenuus est employé ici abusivement par Gregoire de Tours. Mais on sçait que ni lui, ni ses contemporains n’ont pas employé toujours les mots suivant l’acception qu’ils avoient dans la bonne latinité. Il nous suffit qu’on ne puisse pas douter que cet historien n’ait employé le terme d’Ingenuus dans le sens où nous avons vû qu’il s’en étoit servi.