Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/598

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les fonctions militaires ? Or l’on a vû dans notre premier livre, qu’ils étoient assujettis à payer les droits de douane et de péage en plusieurs cas, quoiqu’ils menassent la vie de soldat bien plus constamment que nos Francs ne la menoient.

Nous avons dit que la quatriéme branche du revenu des empereurs, consistoit dans les confiscations et autres droits casuels, ainsi que dans les presens volontaires ou réputés tels, que leurs sujets leur offroient en certaines occasions. Quant aux confiscations, l’histoire des rois Mérovingiens fait mention très-fréquemment de la réunion de biens des personnes condamnées, faite au domaine du prince. On y lit même qu’en certaines circonstances, nos rois se contentoient de confisquer ceux des biens du coupable, qu’il tenoit de la libéralité des souverains, et qu’ils lui laissoient la jouissance de son patrimoine, et de ce qu’il possedoit en toute proprieté. Septimina gouvernante des enfans de Childebert Le Jeune, et Droctulfus qui avoit été mis auprès de cette femme pour la conseiller, ayant formé ensemble un complot contre le roi, il les fit mettre à la question. Dès qu’on eut été informé de la découverte de la conspiration, Sunégesilus qui avoit l’intendance des écuries du roi, et le réferendaire Gallomagnus qui sçavoient qu’on les accuseroit d’être du nombre des conjurés, se sauverent dans une église, d’où ils sortirent sur la foi d’un sauf-conduit que leur donna Childebert, afin qu’ils pussent comparoître devant lui. Ces deux officiers convinrent bien l’un et l’autre dans leur interrogatoire d’avoir sçû le projet de Septimina, mais ils nierent d’y être entrés, et même ils soutinrent qu’ils avoient fait ce qu’ils avoient pû pour l’en détourner. Childebert condamna Septimina et Droctulfus à des peines afflictives, mais il se contenta de déclarer Sunegesilus et Gallomagnus, privés de tous les biens qu’ils tenoient de la couronne et de les exiler. Le roi Gontran qui intervint en leur faveur, leur fit bien remettre la peine de l’exil, mais il ne put venir à bout de leur faire rendre ce qui avoit été réuni au domaine. Comme le marque Gregoire de Tours, il ne leur resta que ceux de leurs biens qui leur appartenoient en pleine proprieté.

On voit aussi dans une infinité d’endroits de notre histoire, que les dons gratuits ou réputés tels, étoient en usage sous les