Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/610

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monarchie de Clovis. Mais le gouvernement d’un souverain, qui rendant la justice par lui-même, la rend très-promptement, prévient bien des maux, et rémédie à bien des désordres.

On ne voit pas non plus que nos rois Mérovingiens fussent obligés à demander le consentement d’aucune assemblée politique quand ils vouloient augmenter les anciennes impositions, ou bien en mettre de nouvelles. Il n’en est rien dit dans aucun des monumens de nos antiquités, quoique ceux qui les ont écrits ayent eu des occasions de le dire, telles qu’ils n’auroient pas manqué d’en parler. Il seroit dit, par exemple, quelque chose de cette prétendue obligation dans le passage suivant, tiré de Grégoire De Tours.

» Le Roi Clotaire avoit enjoint par un Edit, à toutes les Eglises de payer au Fisc le tiers de leur revenu. Déja presque tous les Evêques avoient donné, bien que malgré eux, leur consentement par écrit à l’exécution de cet ordre, lorsque le Roi voulut obliger Injuriosus Evêque de Tours, à donner aussi le sien. Ce vertueux Prélat le refusa avec courage, & il dit en face au Roi : Si vous osez mettre la main sur le bien de Dieu, il fera dans peu tomber la Couronne de dessus votre tête. Il seroit trop odieux qu’un Roi qui doit nourrir les pauvres du bled de les greniers, vuidât les greniers des pauvres, pour remplir les siens. Injuriosus sortit du Palais, dès qu’il eut fini son discours & sans prendre congé du Roi, il se mit en chemin pour retourner à Tours. Le Roi touché de ce qu’il avoit entendu, & plein de respect pour la mémoire de Saint Martin, dont Injuriofus étoit un successeur, envoya du monde pour le ramener à la Cour, & pour l’assurer qu’il se repentoit d’avoir fait l’Edit dont il s’agissoit, & qu’il alloir le révoquer. » On voit par le récit de Gregoire De Tours, que Clotaire ne demanda l’acquiescement des évêques à la taxe excessive qu’il mettoit sur le clergé, qu’après avoir publié l’édit qui imposoit cette taxe. D’ailleurs, si conformément au droit public en usage dans la monarchie durant le sixiéme siécle, le roi n’eût