Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/613

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pas été punies, si leur souverain qui étoit en même tems leur juge, n’eût point été excité à venger les loix par le motif de s’aproprier une riche dépouille.

Je ne crois pas qu’on m’objecte que si les rois Merovingiens eussent été des souverains aussi absolus que je le crois, ils n’auroient point essuyé tous les malheurs qui leur sont arrivés. Je n’aurois pour répondre à cette objection qu’à renvoyer les personnes qui la feroient, à tout ce qui s’est passé dans l’empire Ottoman, depuis cent cinquante années.


LIVRE 6 CHAPITRE 17

CHAPITRE XVII.

Du tems où a cessé la distinction qui étoit entre les differentes Nations, qui composoient le Peuple de la Monarchie.


Que la distinction qui étoit entre les differentes nations qui composoient le peuple de la monarchie, ait subsisté sous la seconde race, il n’est pas possible d’en douter. On a déja lû vingt passages qui le prouvent. Enfin la chronique de Moissac dit encore, que l’empereur Charlemagne assembla les ducs, les comtes et les principaux de celles des nations de son obéissance, qui avoient embrassé la religion chrétienne, et qu’après avoir consulté les jurisconsultes, il fit une nouvelle rédaction de toutes les loix nationales qui étoient en vigueur dans ses Etats, en changeant dans l’ancienne rédaction ce qu’il y avoit à corriger. Ensuite, continuent ces annales, il fit faire des copies bien conditionnées de la nouvelle, et il les remit aux représentans de chaque nation. Quand ses successeurs faisoient le serment royal à leur avenement à la couronne, et je l’ai déja écrit, le nouveau roi juroit toujours qu’avec l’aide du ciel, il rendroit bonne justice à tous ses sujets, suivant la loi qui étoit propre à chacun d’eux, et selon laquelle son auteur avoit vêcu sous le regne des rois precedens. On peut voir encore par diffe-