Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/614

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rens endroits des capitulaires, rapportés dans le premier chapitre de ce livre, que la distinction entre les nations habitantes dans les Gaules, a subsisté jusqu’au regne des derniers rois de la seconde race, bien qu’il fût permis dès le tems de la premiere, au Franc de se faire Romain, et au Romain de se faire Franc, ou de telle autre nation qu’il lui plaisoit, et que les autres Barbares eussent la même liberté. Cette liberté de changer ainsi de nation, paroîtra sans doute bizarre, mais les loix et l’histoire en font foi.

Il est dit dans le quarante-quatriéme titre des Loix Saliques de la rédaction, faite sous les rois fils de Clovis : » Le Franc de condition libre, qui aura tué ou un Barbare ou bien un autre homme vivant selon la Loi Salique, sera condamné à la peine pécuniaire de deux cens sols d’or. » S’il n’y avoit eu que les Francs d’origine, qui eussent vêcu suivant la Loi Salique, ce titre auroit dit simplement ici, un Franc, sans ajouter ce qu’on lit ensuite. Ce qui prouve que les Romains mêmes avoient, ainsi que les Bourguignons et les autres Barbares, la liberté de se métamorphoser en Francs ; c’est que l’article de la Loi Salique, lequel nous expliquons, dit, ou un Barbare, ou un autre homme vivant selon la Loi Salique. Or, il n’y avoit alors dans les Gaules que deux genres d’habitans, des Barbares et des Romains. Ainsi dès qu’il y avoit d’autres hommes que des Barbares qui vivoient suivant la Loi Salique, il s’ensuit qu’il y avoit des Romains qui vivoient suivant cette loi. Il me semble que si le passage des Loix Saliques dont il s’agit, a besoin de cet éclaircissement, il n’a pas besoin des corrections qu’on voudroit faire à son texte. D’un autre côté tous les Barbares qui se faisoient ecclésiastiques, étoient réputés être devenus Romains. Ils se faisoient couper les cheveux, ils prenoient l’habit Romain, et ils vivoient suivant les loix Romaines. « Que la loi Romaine, disent les capitulaires, soit la loi de tous ceux qui sont engagés dans l’état ecclésiastique, quelqu’ordre que ce soit qu’ils ayent reçu. »

Voilà pourquoi tous les chevelus, c’est-à-dire, tous les Barbares qui entroient dans l’état ecclésiastique, étoient tenus de se faire couper les cheveux à la mode des Romains, sans qu’il