Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/615

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leur fût permis de les laisser redevenir longs. Un article repété plusieurs fois dans les capitulaires, statue que les clercs qui laisseront croître leurs cheveux, seront tondus, même malgré eux, par l’archidiacre.

Je crois que cet usage aura donné lieu à la couronne des ecclésiastiques. Comme les citoyens de la nation Romaine, soit clercs, soit laïcs, portoient tous les cheveux extrêmement courts, et comme les uns et les autres ils avoient les mêmes vêtemens, les premiers n’étoient point distingués sensiblement des laïcs leurs concitoyens ; du moins ils n’étoient point distingués de ceux de nos laïcs qui gardoient l’habit national. Les ecclésiastiques auront donc mis en usage une marque particuliere, laquelle les distinguât, et qui fît connoître sensiblement de quelle profession ils étoient. Pour cet effet, ils se seront fait raser le haut de la tête, ce qui montroit en même tems qu’ils étoient encore plus que le commun des fideles, les esclaves du Seigneur. On sçait que les Chrétiens prenoient alors très-communément ce titre-là, tant dans l’Eglise grecque que dans l’Eglise latine.

Ainsi les ecclésiastiques se trouverent distingués par leur tonsure des Romains laïcs, et distingués par le cercle de cheveux qu’ils conservoient, d’avec les véritables esclaves de la nation Romaine, qui avoient la tête rasée, à moins qu’ils ne fussent encore dans la premiere jeunesse.

Il est certain que la couronne ecclésiastique a été en usage dès le sixiéme siécle. Gregoire de Tours écrit dans la vie du bienheureux Nicétius évêque de Trèves, sous le regne des fils de Clovis. » Nicétius parut dès l’instant même de sa naissance destiné à l’écar Ecclésiastique. Il vint au monde ayant le sommet de la tête chauve, ainsi que les autres enfans, mais il avoit déja au-dessus des oreilles un tour de petits cheveux, qui ressembloit à la couronne Cléricale. »

Quant à la barbe qui étoit aussi l’une des marques ausquelles on reconnoissoit si un homme étoit de la nation Romaine, ou d’une nation Barbare, parce que les Barbares en portoient, au