Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/617

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au monde, de trouver leur clergé vêtu de noir un jour de Pâques.

Après cette digression qui peut-être est plus longue qu’inutile, je reviens à la liberté de changer de nation que les sujets avoient sous nos rois de la premiere et de la seconde race.

L’empereur Lothaire, petit-fils de Charlemagne, dit dans une loi faite véritablement pour l’Italie, mais dans laquelle ce prince avoit suivi selon l’apparence, les usages de ses autres Etats : » On demandera à chaque particulier du Peuple Romain, quelle est la Loi suivant laquelle il veut vivre, afin que chacun puisse à l’avenir vivre suivant la Loi qu’il aura optée ; & il est déclaré, afin que la chose soit notoire aux Ducs, aux Comtes, & à tous ceux ausquels il appartiendra, que le Particulier qui aura forfait contre la Loi, fera sujet aux peines portées dans cette Loi, contre le délit qu’il aura commis. »

Comment est-il donc arrivé que toutes les nations qui composoient le peuple de la monarchie Françoise, ayent été confondues en une seule et même nation ? Voici mon opinion. Ces nations qui au bout de quelques genérations, parloient communément la même langue dans la même contrée, auront commencé, en s’habillant l’une comme l’autre, à faire disparoître les marques extérieures qui les distinguoient sensiblement. Il n’y aura plus eu que les ecclésiastiques assujettis à porter l’habit Romain, qu’on aura reconnus à leur maniere de se vêtir, pour être de la nation Romaine. Ainsi tous les citoyens laïcs de nos nations se seront trouvés être déja semblables, quant à l’extérieur, dans le tems des derniers rois de la seconde race, et quand les provinces du royaume devinrent la proye des usurpateurs. Ces tyrans qui gouvernoient arbitrairement, n’auront pas voulu entendre parler d’autre loi que de leur volonté. Dans tous les lieux où ils s’étoient rendus les plus forts, ils auront fait taire devant leur bon plaisir, tous les codes nationaux. Ainsi nos nations n’ayant plus de marques extérieures qui les distinguassent, ni une loi particuliere suivant laquelle elles vécussent, elles auront été confondues enfin, et n’auront plus fait qu’une seule et même nation, la nation Françoise. Apportons quelques preuves de ce qui vient d’être avancé.