Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/622

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

considerables des François ; c’est-à-dire ici, les plus considerables de la nation formée du mélange des Romains et des Barbares établis dans les Gaules, ou ceux de ces François qui prétendoient descendre des anciens Francs.

Quant aux Romains, ils auront obligé l’usurpateur à composer avec eux dans les pays où ils étoient assez forts pour n’être point opprimés facilement, et un des articles de ces sortes de conventions aura été, qu’on les laisseroit vivre suivant le droit Romain, et comme vivoient encore les Romains des contrées, qui avoient sçu se préserver du joug des tyrans.

Quelles étoient les provinces des Gaules où les Romains se trouvoient encore en plus grand nombre dans ces tems-là ? Les Aquitaines et les autres provinces méridionales de cette vaste contrée, celles dont les habitans s’appelloient encore absolument les Romains, sous les premiers princes de la seconde race ; celles enfin, où le droit Romain est encore aujourd’hui la loi commune.

La distinction qui étoit entre les nations qui habitoient l’Italie, y a subsisté aussi long-tems, et peut-être plus long-tems que dans les Gaules.

Pour l’Espagne, on voit par une loi du roi Resciwindus, couronné l’an six cens cinquante-trois de Jesus-Christ, que la distinction entre les Romains et les Barbares y subsistoit encore dans le septiéme siécle, et peu d’années avant l’invasion des Maures, arrivée l’an sept cens douze. En effet, il est dit dans cette loi, que nous avons déja citée, et qui est une de celles qui furent ajoutées en differens tems au code national des Visigots, rédigé par Euric. » Révoquant les Loix precedentes faites à ce sujet, nous ordonnons par la presente Loi qui doit être perpétuelle & irrévocable, qu’à l’avenir le Visigot qui voudra épouser une Romaine, & le Romain qui voudra épouser une fille de la Nation des Visigots, puisse contracter valablement de tels mariages, après néanmoins qu’ils auront requis le consentement du Prince. » Ainsi l’invasion des Maures aura eu en Espagne dans le huitiéme siécle, les mêmes suites que l’usurpation des droits du roi et des droits du peuple par les