Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/624

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Francs que sur l’année de Jesus-Christ 253. quoiqu’elle doive avoir eu occasion de parler de ces Voisins inquiets, bientôt après leur établissement sur la frontiére des Gaules. Or je trouve que sous le Tyran Eugene, & dès l’année 392. l’Alliance des Francs avec l’Empire étoit déja traitée d’ancienne Alliance, d’Alliance qu’il étoit d’usage de renouveller à chaque mutation d’Empereur. Qu’en penser, quand aucun Auteur ancien ne dit en quelle année elle fut faite ? Sulpitius Alexander, Auteur contemporain, désigne cette convention par le nom d’Alliance, & non point par le nom de Traité de Paix. Il l’appelle Vetufta Fædera, & non point Pacis Leges. Ainsi l’on ne sçauroit convertir cette Alliance, en un simple Traité de paix & de bonne correspondance.

Lorsque j’ai comparé l’Alliance dont il s’agit, aux liaisons qui sont entre la France & les Cantons Suises depuis le regne de Louis XI. je n’ai point prétendu avancer qu’elle n’eût jamais été interrompue, même par quelque guerre générale, mais seulement que la durée avoit éré comme continuelle : c’est ce que fuppose ma comparaison. Qui ne fe fouvient pas de la bataille donnée à Novare, sous le regne de Louis XII. & de celle qui fut donnée auprès de Marignan sous le régne de François I’?

Si dans le préambule de la Loi Salique, les Francs ont traité de joug leur Alliance avec les Romains, c’est qu’elle étoit de celle que les Jurisconsultes du Droit Public appellent Alliances inégales, Fædera inequalia ; & les Romains tâchoient ordinairement de convertir cette espece d’Alliance en Droit de Souveraineté. En vertu de ces Alliances, les Romains vouloient donner des Rois à leurs Conféderés, leur interdire souvent le Droit des armes, en un mot les réduire de gré ou de force à la condition des Sujets.

Suivant cette Thése, ce que dit Agathias des Francs, lorsqu’il écrit qu’ils éroient sans comparaison plus civilisés que les autres Barbares, & qu’à la langue & à l’habillement près, ils paroissoient des Romains, ne doit s’entendre que des Franas qui vivoient sous le regne de Clovis, en un mot des Francs établis dans les Gaules. Je sçai bien qu’il a fallu du tems aux Francs pour se polir : mais il me paroît que le passage d’Agathias, qui ne contient aucune restriction, signifie que dans tous les tems les Francs avoient été ou moins grossiers, ou plus polis que les autres Barbares. Ils auront été moins grossiers que les Bourguignons, dans les tems où les uns & les autres ils habitoient encose sur la droite du Rhin, & les Francs auront mieux profité du