Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/74

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à lui couper les vivres dès l’année quatre cens quatre-vingt-treize, et il n’aura r’ouvert les passages qu’après le traité par lequel la république des Armoriques passa sous sa domination dans le cours de l’année quatre cens quatre-vingt-dix-sept.

L’autre évenement que je crois pouvoir placer dans le tems de la guerre des Francs contre les provinces confederées, est le siége mis devant Nantes par l’armée de Clovis. Voyons ce qu’on en lit dans les opuscules de Gregoire de Tours. Cet auteur après y avoir parlé de la grande venération des habitans de Nantes pour trois saints, les protecteurs de cette ville, et dont les corps reposoient en deux églises differentes, s’explique ainsi : « Au tems du roi Clovis, la ville de Nantes assiegée par l’armée des barbares depuis deux mois, commençoit à souffrir beaucoup, lorsque sur le milieu de la nuit, le Peuple y vit distinctement des hommes vêtus de blanc & portant des cierges allumés, sortir de l’Eglise des Martyrs saint Rogatien & saint Donatien. Bientôt ce Chœur céleste fur joint par une troupe semblable, sortie de l’Eglise de saint Sambin Evêque & Confesseur. Ces deux Chœurs de Bienheureux après s’être entre-salués, firent ensemble leurs prieres, & dès qu’elles furent finies, chacun rentra dans l’Eglise dont il étoit sorti. Dans le tems même que nos Saints étoient en prieres, une terreur panique saisit les assiégeans, qui se retirerent avec tant de précipitation, que les Habitans de Nantes qui sortirent de leur Ville dès que le jour fut venu, n’en purent joindre aucun. Chillon le Genéral de l’Armée qui faisoit le siége de Nantes, connut bien, tout Payen qu’il étoit encore, que cet évenement devoit être miraculeux ; il se convertit donc, & il fut regeneré dans les eaux du Baptême, en reconnoissant à haute voix Jesus-Christ pour le Fils du Dieu vivant. »

il est vrai que la plûpart des auteurs modernes ne placent le siége de Nantes par Chillon, qu’en l’année cinq cens dix. Mais