Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/87

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cernant la conversion de Clovis, en disant : » Le Roi des Francs ayant confessé un seul Dieu en trois Personnes, il fut baptisé au Nom du Pere, du Fils & du Saint-Esprit, & il fut oint ensuite avec le saint Crême appliqué en forme de Croix. Trois mille de ses sujets en âge de porter les armes reçûrent le Baptême avec lui. Lantildis une de ses Sœurs qui s’étoit faite Arienne, abjura en même tems son hérésie, & fut reconciliée à l’Eglise par l’Onction. Une autre Sœur de Clovis qui se nommoit Albofléde, fut aussi baptisée avec lui. Cette Princesse étant morte peu de jours après, Clovis fut sensiblement touché de sa perte & son affliction donna lieu à saint Remy d’écrire à ce Prince une lettre de consolation que nous avons encore, & qui commence par ces paroles. La mort de votre Sœur Albofléde d’heureuse mémoire, m’afflige autant qu’elle vous afflige vous-même. Nous avons tort néanmoins de ne pas nous consoler en faisant une reflexion ; c’est qu’elle est sortie de ce monde ayant encore la grace du Baptême, & qu’après tout sa destinée est digne d’envie. » On ne trouve point dans Gregoire de Tours la suite de cette lettre, mais comme elle est un des monumens antiques de notre histoire, parvenus jusqu’à nous, je crois à propos d’en donner quelques autres fragmens, quand ce ne seroit que pour montrer que saint Remy, qui avoit parlé en égal à Clovis dans la lettre qu’il écrivit à ce roi, peu de tems après son avénement à la couronne, c’est-à-dire vers l’année quatre cens quatre-vingt deux, lui parloit l’année quatre cens quatre-vingt-dix-sept le langage d’un inférieur, parce que dès l’année quatre cens quatre-vingt-treize la cité de Reims s’étoit pleinement soumise au gouvernement du roi des Saliens.

» Je vous conjure, Seigneur, de chasser la tristesse de votre cœur, afin qu’ayant l’esprit tranquille vous puissiez manier les rênes du gouvernement avec plus de dextérité…… Vous avez un grand Etat à conduire, & si la Providence le permet, à rétablir. Vous êtes le chef de plus d’une Nation…… Je crois à propos d’interrompre ici l’extrait de notre lettre,