Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/88

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pour faire deux observations. La premiere sera, qu’il est sensible en lisant les auteurs du sixiéme siécle, que par le mot regnum, qui se trouve dans le texte latin, on n’entendoit point toujours un regne, un royaume, ni regner par regnare, mais que souvent on entendoit simplement gouvernement et gouverner. La seconde sera, que quoiqu’il fallût entendre Royaume par Regnum dans la lettre de saint Remy, on ne devroit point être surpris de lui voir traiter ailleurs le gouvernement de Clovis, d’administration, de gestion faite pour un autre. Jusqu’à la cession des Gaules que Justinien fit aux rois Francs, saint Remy et les autres Romains n’ont dû regarder ces princes que comme officiers de l’empire. » Après avoir fait des veux pour un Prince si glorieux, j’oserai lui recommander le Prêtre Maccolus qui m’est fort attaché & que je lui envoye. Il ne me reste plus qu’à vous demander pardon de vous avoir écrit tout ce que mon devoir m’obligeoit à vous aller dire de bouche. Ainsi, supposé que vous me fassiez dire par celui qui vous remettra ma Lettre, que votre volonté est que je me rende auprès de votre Personne, je me mettrai incessamment en chemin, sans que la rigueur de l’hyver me retienne. »

Comme Albofléde mourut peu de jours après son baptême, les dernieres lignes de la lettre de saint Remy montrent sensiblement que cette princesse et son frere Clovis avoient été baptisés en hyver, et par consequent elles disposent à croire que cette cérémonie se fit, non pas le samedi saint, comme l’ont écrit Hincmar et Flodoard, mais aux fêtes de Noël, comme le dit positivement Alcimus Avitus, évêque de Vienne dans la lettre qu’il écrivit à ce prince pour le féliciter sur sa conversion, et dont nous rapporterons incessamment le contenu. D’ailleurs le témoignage d’un contemporain tel qu’Avitus, est si décisif, sur la question concernant le jour où Clovis fut baptisé, qu’il ne nous reste qu’une chose à faire ; c’est de découvrir, s’il est possible, ce qui peut avoir induit Hincmar et Flodoard dans l’erreur où ils sont tombés. Je dis s’il est possible, parce que je ne trouve point moi-même que les fondemens de ma conjecture soient trop solides.

L’Abbréviateur est le seul des historiens qui ont écrit sous la