Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/94

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soutien aussi solide qu'une colomne de fer, afin que ses prieres obtiennent du Ciel que vous cheminiez toujours dans la voye du salut , & qu'il fasse tomber à vos pieds les ennemis qui sont autour de vous. » On voit bien que les ennemis dont parle ici Anastase, sont principalement les Visigots et les Bourguignons : les uns et les autres étoient ariens.

C’est même des circonstances du tems où Clovis se convertit, que ses successeurs tiennent le glorieux nom de fils aîné de l’Eglise qu’ils portent encore aujourd’hui comme un titre d’honneur qui leur est particulier. Quand le roi des Saliens se fit baptiser, il n’y avoit alors en Occident, et nous venons de le dire, d’autre roi qui fût catholique que lui. Il étoit alors parmi les rois, non pas le fils aîné, mais le fils unique de l’Eglise. Quand la Providence a eu donné dans la suite aux successeurs de Clovis des têtes couronnées pour freres en Jesus-Christ, ces successeurs ont toujours conservé leur droit de primogeniture, et l’Eglise a toujours continué de les reconnoître pour ses fils aînés.

Un autre monument du nombre de ceux dont nous avons à parler, est la lettre qu’Alcimus Ecdicius Avitus évêque de Vienne et sujet de Gondebaud, l’un des rois des Bourguignons, écrivit à Clovis pour le féliciter sur son baptême. A en juger par la conduite que tinrent dans la suite les évêques des Gaules, il y eut bien d’autres qu’Avitus qui écrivirent alors à Clovis, mais leurs lettres se seront perduës. Quoiqu’il en ait été, Avitus qui eut lui-même tant de part, comme nous le verrons, dans les événemens de la guerre que Clovis, trois ans après son baptême, fit aux Bourguignons, ne se ménage point en écrivant à Clovis au sujet de sa conversion. Avitus parle à Clovis non pas comme à un prince étranger, mais comme à son souverain. On voit d’un autre côté dans la lettre d’Avitus que Clovis lorsqu’il eut enfin pris le parti de se faire chrétien, avoit donné part de sa résolution à l’évêque de Vienne, quoique ce prélat ne fut pas son sujet, et qu’il l’avoit même informé du jour qu’il seroit baptisé. Nous rapporterons donc le contenu de cette lettre et nous l’insérerons ici d’autant plus volontiers qu’elle met encore au fait de ce qui se passoit alors dans les Gaules, et qu’elle montre évidemment que les rois barbares qui s’y étoient établis, entretenoient des relations suivies avec l’empereur d’Orient ; enfin, qu’ils témoignoient une entiere déference pour la cour de Constantinople.