Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/18

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rien au précepte qu’elles renferment, et le génie le plus heureux ne devient pas même capable en un jour de les bien appliquer. Il convient donc de traiter ici du génie et des études qui forment les peintres et les poëtes. Si cet enthousiasme divin, qui rend les peintres poëtes, et les poëtes peintres, manque à nos artisans, s’ils n’ont pas, comme le dit Monsieur Perrault, ce feu, cette divine flâme, l’esprit de notre esprit, et l’ame de notre ame. Les uns et les autres restent toute leur vie de vils ouvriers, et des manœuvres, dont il faut païer les journées, mais qui ne méritent pas la consideration et les récompenses que les nations polies doivent aux artisans illustres. Ils sont de ces gens dont Ciceron dit : quorum opera non quorum artes emuntur . Ce qu’ils sçavent de leur profession, n’est qu’une routine qui se peut apprendre comme on apprend les autres métiers. Les esprits les plus communs, sont capables d’être des peintres et des poëtes médiocres. On appelle génie, l’aptitude qu’un