Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/27

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Mais la fermentation du sang la plus heureuse ne produira que des chimeres bizarres dans un cerveau composé d’organes, ou vicieux ou mal disposez, et par consequent incapables de représenter au poëte la nature, telle qu’elle paroît aux autres hommes. Les copies qu’il fait de la nature ne ressemblent point, parce que son miroir n’est pas fidele, pour ainsi dire. Tantôt rampant, et tantôt dans les nuës, il n’est dans le vrai que durant quelques instans, parce qu’il n’y est que par hazard. Tels ont été parmi nous l’auteur du poëme de la Magdeleine et celui du poëme de saint Louis, deux esprits pleins de verves, mais qui n’ont jamais peint la nature, parce qu’ils l’ont copiée d’après les vains phantômes que leur imagination brûlée en avoit formez : tous deux se sont également éloignez du vrai, quoiqu’ils s’en soient écartez par des routes differentes. D’un autre côté, si ce feu qui provient d’un sang chaud et rempli d’esprits manque en un cerveau bien disposé, ses productions seront régulieres, mais elles ser