Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/28

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ont froides. Si le feu poëtique l’anime quelquefois, il s’éteint bien-tôt, et il ne jette que des lueurs. Voilà pourquoi on dit que l’homme d’esprit peut bien faire un couplet ; mais qu’il faut être poëte pour en faire trois. L’haleine manque à ceux qui ne sont pas nez poëtes dès qu’il faut s’élever sur le Parnasse. Ils entrevoïent ce qu’il faudroit faire dire à leurs personnages ; mais ils ne peuvent le penser distinctement, et encore moins l’exprimer. Ils demeurent froids en s’efforçant d’être touchans. Lorsque la qualité du sang est jointe avec l’heureuse disposition des organes, ce concours favorable forme, à ce que je m’imagine, le génie poëtique ou pittoresque ; car je me défie des explications physiques, attendu l’imperfection de cette science dans laquelle il faut presque toûjours déviner. Mais les faits que j’explique sont certains, et ces faits, quoique nous n’en concevions pas bien la raison, suffisent pour appuïer mon systême. J’imagine donc que cet assemblage