Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/39

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Brun, n’étoient pas des peintres. C’est le génie de ces grands hommes qui les a été chercher, pour ainsi dire, dans la maison de leurs parens, afin de les conduire sur le Parnasse. Les peintres montent sur le Parnasse, aussi-bien que les poëtes. Tous les poëtes, dont le nom s’est rendu célebre, sont une preuve encore plus forte de ce que j’avance sur la force de l’impulsion du génie. Il n’y auroit point de poëte, si l’ascendant du génie ne déterminoit pas de certains hommes à faire leur profession de la poësie. Jamais pere ne destina son fils à faire la profession de poëte. Il y a même quelque chose de plus : ceux qui prennent soin de l’éducation d’un enfant de seize ans, tâchent toûjours, et l’on sçait bien pourquoi, de le détourner de la poësie, dès qu’il témoigne un peu trop de goût pour les vers. Le pere d’Ovide ne s’étoit pas même borné à des remontrances pour éteindre la verve de son fils. Mais telle est la force du génie que le petit Ovide, dit-on, promettoit en vers, de ne plus faire des vers, quand on le châtioit pour en avoir fait. La premiere profession d’Horace, fut de porter les armes. Virgile étoit une espece de maquignon.