Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/40

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Du moins voïons-nous dans sa vie que ce qui le fit connoître d’Auguste, ce furent des secrets pour guérir les chevaux, à la faveur desquels ce grand poëte s’introduisit dans l’écurie de l’empereur. Mais sans nous arrêter plus long-temps sur l’histoire ancienne, refléchissons sur la vocation des poëtes de notre temps. Ces exemples, dont ont sçait les circonstances plus distinctement, frapperont mieux que les exemples tirez des siecles passez ; et l’on croira facilement que ce qui est arrivé à nos poëtes, est arrivé aux poëtes de tous les temps. Tous les grands poëtes françois, qui font l’honneur du siecle de Louis Xiv étoient éloignez par leur naissance et par leur éducation, de faire leur profession de la poësie. Aucun d’eux n’étoit même engagé dans l’emploi d’instruire la jeunesse, ni dans les autres fonctions, qui conduisent insensiblement un homme d’esprit jusques sur le Parnasse. Au contraire, ils en paroissoient écartez, ou par la profession qu’ils faisoient déja, ou par les emplois ausquels leur naissance et leur éducation les destinoient. Le pere de Moliere avoit élevé son fils pour en faire un bon tapissier. Pierre