Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/41

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Corneille portoit la robe d’avocat, quand il fit ses premieres pieces. Quinault travailloit chez un avocat au conseil, quand il se jetta entre les bras de la poësie. Ce fut sur des papiers à demi barbouillez du grifonnage de la chicane qu’il fit les brouillons de ses premieres comedies. Racine portoit encore l’habit de la plus sérieuse des professions, quand il composa ses trois premieres tragédies. Le lecteur croira même sans peine que les solitaires qui éleverent son enfance, et qui instruisirent sa jeunesse, ne l’avoient jamais excité à travailler pour le théatre. Au contraire ils n’obmirent rien pour éteindre en lui l’ardeur de rimer. M Le Maître, auprès duquel il étoit particulierement attaché, lui cachoit les livres de poësie françoise, dès qu’il se fut apperçû de son inclination, avec autant de soin, que le pere de M Pascal en avoit pour dérober à son fils la connoissance de tout ce qui peut faire penser à la géometrie. La Fontaine revêtu d’une charge dans les eaux et forests, étoit destiné par son emploi à faire planter et couper des arbres, et non point à les faire parler. Si M L’Huillier, le pere de Chapelle, eut été le maître des