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sacrifices consentis au cours de ces dernières années par le parti et la nation ne l’auraient été qu’en pure perte ».

Il semble donc que Tchiang avait contre Hou un autre grief que celui qu’il a invoqué tout d’abord, et qu’il l’accusait en outre de chercher à confisquer à son profit le droit unique de légiférer, Hou Han Min étant président du yuan législatif. En tout cas en l’écartant il paraît avoir mis l’opinion de son côté, car dans toutes les classes de la société on désire une Constitution provisoire ; en même temps il s’est libéré d’un contact qui lui était désagréable depuis longtemps, Hou Han Min s’étant montré à différentes reprises hostile à ses vues. Sans couleur de faire respecter les principes fondamentaux de la République, Tchiang aurait ainsi pris sa revanche sur un adversaire véritable, qui même, dit-on, avait au cours des dernières hostilités conspiré contre lui.

Mais parallèlement à ce point de vue il y en a un autre qui veut que Hou Han Min, ancien ami intime de Sun Yat Sen, vétéran du parti kouomintang, ait essayé en s’opposant à l’idée d’élaborer une Constitution provisoire d’empêcher Tchiang Kaï Chek d’accaparer tous les pouvoirs. Une Constitution provisoire diminuera en effet l’autorité du parti, et Tchiang pourra en profiter pour se faire nommer président de la République.

Ce point de vue qui a certainement déjà des partisans nombreux semble devoir en recruter passablement surtout parmi l’élément civil, de sorte qu’au lieu d’une solution, Tchiang aurait provoqué par son geste autoritaire une difficulté de plus. Il a cru devoir démentir tout récemment par voie d’agences les ambitions que d’aucuns lui prêtent. Il a déclaré catégoriquement ne songer ni de près ni de loin à la présidence de la République, et n’avoir d’autre désir que de continuer à agir de toutes ses forces pour le bien du pays.