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dégénérer en conflit entre Nankin et Moukden. Nankin, d’une part, sait que tout souci militaire du fait des Russes ne peut lui être épargné que par Tchang Sue Liang. Celui-ci, d’autre part, en étendant comme il l’a fait son pouvoir au delà de son fief de Mandchourie et en assumant le contrôle de plusieurs provinces en Chine proprement dite, au nord du fleuve Jaune, s’est affaibli militairement en Mandchourie, et doit pouvoir compter sur Nankin s’il avait de nouveau à faire face à des attaques eusses à la frontière sibérienne. Chacun des deux chefs a, comme on le voit, besoin de l’autre, et en même temps chacun d’eux a intérêt à écarter toute menace soviétique, c’est d’ailleurs pourquoi l’on peut penser que les négociations sino-soviétiques qui viennent de reprendre à Moscou fin iront cette fois par aboutir.

On sait qu’il ne s’agit plus seulement d’un règlement de la question du chemin de fer de l’Est-Chinois, mais d’un règlement général des relations sino-soviétiques. Si comme il est probable les pourparlers aboutissent, il faut s’attendre à une recrudescence de l’influence russe en Mandchourie, rançon d’une sécurité d’un autre ordre. Déjà l’on constate que les Soviets regagnent peu à peu dans cette vaste région et à Kharbine notamment les avantages que leur avait fait perdre le conflit de l’Est-Chinois. « Déjà, dit le Journal de Shanghaï, le dumping russe sévit dans la Mandchourie qui est envahie par toutes sortes de produits, vendus à un prix inférieur à celui du marché russe. Tout cela n’est qu’un avant goût de ce que nous verrons quand le nouveau traité sino-soviétique aura permis à Moscou de réinstaller dans toute la Chine ses consuls, le personnel de la Dalbank, ses agents commerciaux et sa légion de propagandistes ».

Il est permis de faire un rapprochement entre les craintes ainsi exprimées et un programme de politique extérieure chinoise que la presse chinoise, probablement inspirée, a esquissé à diverses reprises. Alors que certaines personnalités marquantes sont d’avis de continuer la politique de Nankin, c’est-à-dire de tâcher de s’entendre par de patientes négociations avec l’Angleterre, l’Amérique, la France et le Japon sur les grandes questions pendantes, telles que celle