Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/45

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l’y relient et l’y retiennent de plus en plus solidement.

Certains comparent le Japon à l’Angleterre et assurent qu’en sortant de son isolement insulaire, il s’affaiblit. Nous croyons nous être suffisamment expliqué sur la manière dont nous entendons l’unité asiatique, pour n’étonner personne en refusant toute valeur à cette opinion. D’abord, du point de vue géographique, le Japon, avons-nous dit, n’est que la bordure du continent ; ensuite, du point de vue moral, il ne constitue pas un élément particulier comme la Grande-Bretagne en face des autres peuples de l’Europe, et même du plus rapproché : le peuple français. Cela est tellement vrai que nous le voyons dans des congrès et des conférences se poser en champion du panasiatisme et grouper autour de lui des Chinois, des Malais, des Indiens, voire des Indochinois, gens qu’unit d’avance un mépris de plus en plus marqué pour l’Europe, du moins pour tout un côté de sa civilisation[1]. (Quiconque nie ce mépris n’a ni vécu en Extrême-Orient

  1. Le 16 décembre 1933 s’est réuni à Tokio le congrès des Jeunesses d’Asie. Il s’y trouvait des représentants de la Chine, de l’Inde, de la Birmanie, du Siam, de l’Indochine, des Philippines, de la Mongolie, de la Mandchourie, de la Perse, de l’Afghanistan, de la Turquie. Des membres du gouvernement japonais ont pris la parole. Au cours d’une réunion, les congressistes ont voté une résolution « revendiquant les droits des jeunes Asiatiques sur l’Asie, glorieux berceau de l’Humanité ». (Dépêches de Tokio publiées dans le Temps des 15 et 18 décembre 1933.) Le 19 mai 1934 s’est ouvert à Tokio également un congrès universitaire panasiatique, au cours duquel fut discutée une résolution tendant à la formation d’un front commun « contre la domination occidentale ».