Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/58

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-tions. Évidemment satisfaits d’un verdict qui leur « redonnait de la face », ils n’en demeurent pas moins convaincus du caractère avant tout européen de l’institution de Genève, quand ils ne vont pas jusqu’à tenir celle-ci pour un instrument de domination européenne. Les témoignages abondent à ce sujet. Nous en avons assez fourni nous-même dans nos ouvrages précédents pour ne pas insister ; mais ce que nous tenons à rappeler, c’est le bruit qui s’est fait, précisément après le verdict de Genève, autour d’une éventuelle Société des Nations asiatique à laquelle chez tous les peuples d’Asie, pensent des hommes politiques, des écrivains, des intellectuels et aussi des hommes d’affaires. Sorte de cristallisation de l’esprit antieuropéen, cette idée, ce projet que d’aucuns mettent en avant, sans devoir être inconsidérément grossi, n’est pas non plus à passer purement et simplement sous silence. Tout

    nois à s’adapter aux conditions de notre époque. Nous avons voulu nous instruire, à Tokio, de ce mouvement auprès de son principal propagateur, M. Tomomatsu. Nous reconnaissons loyalement notre imparfaite connaissance de la matière et nous ne saurions traduire, ici, qu’une impression ; mais, en toute franchise, si déjà le bouddhisme qui a cours au Japon est différent du bouddhisme hindou, le nouveau bouddhisme nous a paru s’en éloigner davantage encore. La nouveauté active — car il en est de négatives comme le remplacement du paradis et de l’enfer par des États temporels moralement bons ou mauvais qui ne laissent rien subsister du bouddhisme — la nouveauté active ou plutôt la nouvelle expression du nouveau bouddhisme, c’est le « non-égoïsme » appliqué en politique non pas comme on pourrait s’y attendre par le communisme, mais au contraire, par un rationalisme prêt au sacrifice. Nippon d’abord ! Ensuite seulement le « non-égoïsme » à l’égard des autres nations. Toujours le patriotisme, métaphysique de l’État, mystique et poésie où se fond toute la spiritualité de ce peuple.