Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/59

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mouvement qui a son siège dans ces contrées de l’Asie, aux populations au plus haut point suggestionnables, si insignifiant qu’il soit au début, ne doit pas être ignoré de propos délibéré.

En tout cas, on a l’impression de plus en plus nette que le lien qui rattache les Asiatiques à la Société des Nations est un lien fort mince et que l’adoption par ces derniers du programme de Genève est purement superficielle. Difficile à fonder entre les peuples d’Europe, la religion de l’humanité l’est plus encore entre ceux-ci et les peuples d’Asie.


Nous ne songeons pas à faire le procès de la Société des Nations. La S. D. N. a ses possibilités et ses impossibilités. Dans l’ordre économique et social, elle peut rendre, entre les peuples, les services qu’une assemblée de gens compétents peut rendre en tout temps. Dans les relations politiques où le fonds national, avec son passé, son présent et son avenir, son honneur, ses gloires et ses épreuves, est engagé, elle ne saurait servir indéfiniment de lien entre les peuples ; car, ici, contrairement à ce qui peut être réalisé dans l’ordre précédent, aucune règle viable ne peut intervenir ; tout règlement est d’avance transgressé. Il entre, dans les rapports politiques entre peuples, trop de sentiments et de réalités invisibles pour qu’en dépit de l’internationalisme pacifiste le plus agissant, ces rapports soient ramenés à des règles relativement faciles à établir quand les intérêts matériels seuls sont en jeu.