Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/60

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La prétention de la Société des Nations, celle du moins des premières années de l’institution, reflète bien notre époque de spécialistes et de techniciens. Certes, la réduction des armements est infiniment souhaitable, mais la fatalité de la guerre n’est pas dans les armements, elle est dans les causes plus profondes qui font que les peuples se regardent en ennemis. Le courage est de voir cette réalité en face. Mais mettre la guerre hors la loi ou déclarer que « les responsables et les dirigeants actuels du monde ont plus que jamais dans leurs mains les moyens propres à l’éviter[1] », c’est d’abord accorder aux spécialistes de la politique et aux techniciens des conférences internationales plus qu’ils ne peuvent et croire ensuite que la vie du monde se réduit aux faits et gestes des hommes et que les réalités sensibles sont toute la réalité. En politique comme en économie politique, les formules grandioses ou radicales sont sans effet. Sans doute, les hommes sont responsables, mais leurs fautes ne sont pas que techniques, elles sont aussi d’un autre ordre : imprévoyance, imprudence, abus, méconnaissance des règles du bon sens, mépris des traditions ou, au contraire, oubli des changements continuels auxquels est soumise la condition humaine…

Admissible, efficace par réaction au lendemain de la guerre, quand on sortait de la fournaise, quand les horreurs du fléau étaient encore présentes dans

  1. Discours d’ouverture de la quinzième session de l’Assemblée de la S. D. N., 10 septembre 1934.