Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

visés. Témoin le Japon qui fut profondément mortifié par le refus qu’opposèrent les États-Unis à sa demande de reconnaissance du principe de l’égalité des races par le Traité de Versailles. Malgré sa prétention à une politique imprégnée de l’esprit de générosité chrétienne et en dépit de sa complexion même, le peuple américain est celui où sont le plus vifs les préjugés de couleur et les haines de races ; aussi l’Américain ne peut pas se faire à l’idée de traiter le Japonais d’égal à égal.

Qu’on ne s’y trompe pas : le refus des Américains à la Conférence de la Paix n’a pas blessé que les Japonais. Les Chinois ne furent pas sans en éprouver de dépit. On se souvient que ces derniers demandèrent vainement de leur côté que les positions acquises par les Allemands dans le Chantoung avant la guerre et dont les avaient dépossédés les Japonais au début de celle-ci, fussent purement et simplement remises à la Chine et par les Allemands eux-mêmes. À les laisser aux mains des Japonais, Wilson vit pour ces derniers une compensation à son refus de reconnaissance du principe de l’égalité des races. Mais un tel refus laissa les Chinois d’autant moins indifférents qu’il s’ajoutait à celui qu’ils essuyaient eux-mêmes et qui les décida à ne pas signer le Traité de Versailles.

Il y a, en effet, dans cette attitude systématique prise par les Américains, un des griefs sinon les plus souvent formulés, du moins les plus vivement ressentis par les jaunes ; il est de ceux qui les unit, qui les rapproche dans une animosité commune