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Page:Dubuisson-Aubenay - Itinéraire de Bretagne en 1636, tome 1.djvu/45

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d’une hermine d’argent entreposée[1]. Il a, au bout du fauxbourg de la rüe Aulte, une maison de plaisir dite les Trois Croix, à cause de trois croix de pierre qui sont là, sur le chemin de Dinan et de Nol, plantées ensemble. Il y a belle et abondante librairie.

Gouvernement de Rhennes, — Aprez ordre de l’église qui est le premier en Bretagne, comme au reste de la France, entre les trois estats, vient le second qui est la noblesse, dans lequel nous comprendrons les officiers du gouvernement, qui sont : le gouverneur st d’Avaugour, comte de Vertus[2], son lieutenant st du Broutay, du surnom de Quellen, — peut estre Kouetken, qui est de forest ; mais non, car quelen signifie du houx, en breton — qui a pour armes d’argent à trois feuilles de houx de sinople, et est estably par le gouverneur, sans avoir lettres du roy, il n’a garde ni denier, Aprez luy commandent les deux connestables, dont l’un s’appelle La Chalotaye[3], déja vieillard ; l’autre, fort gros homme, La Hurlaye[4], successeur d’un bon vieillard, La Tardaye[5], jadis gouverneur de M. le duc de Brissac[6]. Puis est le procureur de ville ou des bourgeois, et les eschevins.

La maison de ville est située sur le rempart, tout proche la porte Mordelaise, vers la porte clause de St Denys et les arches St Yves ; au devant de laquelle est une belle place que l’on appelle La Monnoye, parce que autrefois la Monnoye estoit là. Ceste maison de ville fut faite du temps de M, de Vendôme[7], gouverneur de Bretagne.

Les armes de la ville sont palées d’argent et de sable de six pièces, au chef d’argent chargé d’hermines de suite (En aucunes je n’ay veu que 3 hermines).

Le premier syndic est le premier de la maison de ville[8], Aprez luy est le miseur qui fait les mises de la recepte qu’il a faite des deniers de la communauté, Il y a aussy, pour la noblesse, le vicomte de Rhennes, qui est M. de la Trimouille[9], dont les armes sont au fauxbourg de la Magdelaine et sur le chemin de Vitrey, jusques ot (ou presque) on va tousjours sur luy.

  1. V. « Généalogie de la maison de Cornulier », par M. Lainé, Paris, 1847.
  2. Claude d’Avaugour, arrière-petit-fils de Francois d’Avaugour, fils naturel de François If, duc de Bretagne.
    Vertus est un bourg de France dans la Champagne, à 6 lieues de Chalons-sur-Marne, érigé en comté pairie en avril 1561, donné en dot à Isabelle de France, marie à Gatéas Visconti, duc de Milan ; apporté par leur fille, Valentine de Milan, à Louis de France, duc d’Orléans, puis, par Marguerite d’Orléans, à Richard de Bretagne. François II, fils de ce dernier, le donna, le 29 septembre 1485, à son fils naturel Francois d’Avaugour. V. « Seigneurics de Bretagne hors de Bretagne : comtés d’Etampes et de Vertus », par M. J. Trévédy (Revue de Bret. et de V., 1896).
  3. Pierre de Caradeuc de la Chalotais. V. M. R. Kerviler : « Bio-Bibliogr. Bret. », art. Caradeuc.
  4. Pierre Glet, sr de la Hurlaye.
  5. Nicolas Busnel, sr de la Reterdaye. V. Ogée : « Dict. de Bret. », 2° édit., II, p. 543.
  6. Francois de Cossé, comte, puis duc de Brissac, baron de Malestroit et seigneur de Chateaugiron, lieutenant-général au gouvernement de Bretagne, mort le 3 décembre 1651, avait épousé en 1618 : Jeanne de Schomberg (fille de Françoise d’Espinay et de Henri de Schomberg). Il était fils de Charles II de Cossé, duc de Brissac, lieutenant-général au gouvernement de Bretagne, maréchal de France en 1611, et de Judith d’Acigné. Charles de Brissac mourut à Rennes le 5 juillet 1621, et son corps fut trausporté à Brissac. V. du Paz : « Hist. généal. des marquis d’Acigné » ; — le P. Anselme : « Hist. généal. de la maison de France, etc… », tomes IV et VIII ; — « Généalogie des sires de Malestroit », par M. l’abbé Le Mené (Soc. polym. du Morbihan, XXVI, 1880).
  7. César, duc de Vendôme, fils légitimé de Henri IV, né à Coucy en 1594, épousa la fille du duc de Mercœur qui lui céda le gouvernement de la Bretagne. Il mourut en 1665.
  8. V. « Recherches sur l’administration municipale de Rennes, au temps de Henri IV », par M. H. Carré (1888).
  9. Henri de la Trémoille (1605-1674), prince de Talmont, de Tarente, duc de Thouars et de Loudun, marquis d’Espinay, ce de Laval, baron de Vitré, etc., vicomte de Rennes ; héritier du comté de Laval par représentation de sa bisaïeule, Anne de Laval, mariée à Francois de la Trémoille. Selon D. Lobineau (I, p. 109), le titre de vicomte de Rennes appartenait au chef de la maison de Porhoët. La vicomté de Rennes était un membre de la baronnie de Vitré et une seigneurie très ancienne qui s’étendait dans les paroisses de Toussaints, St Germain et St Helier de Rennes.