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Page:Dubuisson-Aubenay - Itinéraire de Bretagne en 1636, tome 1.djvu/47

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la Tournelle : deux demeurent en la Grand Chambre, où il y a 14 conseillers ; en la Tournelle 12 ; aus Enquestes 14 en la séance d’aoust, et 12 en celle de février ; ès Requestes du Palais, 1 en chaque séance.

Il n’y a point de Chambre d’Edict[1]. Il n’y a point aussy de conseillers ecclésiastiques. Mais des conseillers, la moitié doibt estre de Bretons, et la moitié des présidens aussy, L’autre moitié est de François, qu’ils appellent, c’est a dire qui ne sont pas Bretons. D’ordinaire ce sont Manceaus et Angevins.

Les offices bretons de conseiller n’ont que 750 livres de gages ; les francois en ont 1000. Et néanmoins les offices bretons, comme plus requis et à la bienséance des provinciaux, valent 20 mille livres d’achat plus que les autres qui d’ordinaire se donnent pour 80 mille livres.

Dans le Palais, au bout de la grande sale des procureurs, il y a la jurisdiction de la Table de Marbre et des Eaus et Forests[2]. Et le Seau ou Petite Chancellerie[3], dont le garde seau est le sr. de Bienassis Péchart[4], tient en une chambre en l’autre bout du palais ou convent.

Pour ce qui est du tiers estat (car je mets la justice parmi la noblesse, quoy que d’ordinaire on la ravalle au tiers estat), il y a peu de bonne bourgeoisie, le trafic y estant triste, comme en une ville de terre et de peu d’abord.

Ce qu’ils débitent le plus, ce sont ces grosses toiles faites és environs de Rhennes, qu’ils appellent toiles d’Olonne, ou parce qu’ils les y envoyent, ou parce que c’est d’elles que l’on fait les grandes voiles que l’on appelle olonnes, A Rhennes, un procureur de Vennes et M. de Lisie Doudart[5] aussy font grand trafic des toiles d’Olonne. Ils en trafiquent par toute la coste de France, en Espagne aussy, mais principalement en Hollande.

Il y a aussy quelques banquiers et remetteurs d’argent, comme de Lisle Doudart, Thietdrik (alleman de nation et trés riche huguenot), Gardin[6], etc.

Le reste du plus gros bourgeois sont sergens, huissiers, procureurs, et en Parlement, qui sont 120, et au Présidial, et advocats en l’un et l’autre, Aucuns vivent de 1a taverne, cabaret, et du louage des logis et pensions des conseillers de la Cour, qui viennent sans femme, a petit équippage, servir leur séance ; comme La Fontaine Belhomme en la Fénerie[7], La Touche Le Comte joignant le Pont Neuf, Laviseu au-dessous de St Germain, prez l’Escu, et autres en la rue Foulon et de St Georges, où est un nommé Chauvel qui traite bien.

  1. Chambre organisée aux Parlements de Paris et de Rouen, en vertu de l’Edit de Nantes, pour les procès entre catholiques et protestants, La Chambre de l’Edit remplaça la Chambre mi-partie, créée en 1596 au Parlement de Paris, Elle fut supprimée en 1669.
  2. A Paris la Table de Marbre comprenait la Connétablie, l'Amirauté et la Réformation des Eaux et Forêts ; mais ce nom s’appliquait plus spécialement à la Réformation des Eaux et Forêts. Elte jugeait les appels civils et criminels des Mattrises, et en premier et dernier ressort sur le fonds et la propriété des eaux, forêts, îles et riviéres appartenant au roi. Les Tables de Marbre des Parlements de province furent supprimées par édit de février 1704, et remplacées par des Chambres de réformation.
  3. Le Sceau ou Petite Chancellerie n’exerçait sa juridiction que dans le ressort du Parlement où naissait la cause. Ses Lettres, valables pour un an, conféraient des exemptions de tailles, corvées, guet, garde, etc., permettaient aux écclésiastiques de vivre hors de leurs bénéfices, etc. Les Lettres du Grand Sceau, au contraire, émanaient de la grande chancellerie de France.
  4. Lire : Peschart. Cette famille a produit Laurent Peschart, cons. au Parlement le 27 aobt 1599, Jean Peschart, id. le 22 Juin 1635.
  5. Doudart est une ancienne famille bretonne. V. Courcy : « Nobiliaire de Bret. »
  6. Sans doute Jean Gardin de la Gerberie, échevin de Rennes en 1644. Il y avait aussi des Gardin de la Chesnaye dans l’évéché de St Malo, V. Courcy.
  7. Alias : la Fannerie.