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Page:Dubus - Quand les violons sont partis, 1905.djvu/108

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LE CHÂTIMENT

Elle régnait en des lointains de l’Infini,
J’ai violé son auréole de mystère,
J’ai voulu l’incarner et la traîner à terre,
Et voilà mon péché cruellement puni.

Mes yeux n’ont jamais vu le rêve de mon âme,
À peine si je l’ai reconnu dans la chair,
Et depuis, mes pensers vers l’Idéal si cher
Ne s’élèvent plus comme un parfum de cinname.

Je l’ai banni du Ciel, pour éternellement,
L’angélique splendeur de sa grâce indécise,
Pâlit dans un humain exil et se précise.

C’est la femme qui pleure, et qui rit, et qui ment,
Reine avilie, au fond des ténèbres assise,
Cet Idéal dégénéré, mon Châtiment.