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Page:Dubus - Quand les violons sont partis, 1905.djvu/111

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SONGE VAIN

Une tiède et chantante aurore de juillet,
Nous fûmes dans les blés constellés de rosée ;
Des champs que l’horizon tout d’or ensoleillait
S’envolaient des flocons de buée irisée.

Candides, nous errions des fleurettes aux mains,
Nos songes prenaient leur essor dans la lumière,
Elle et moi n’avions pas connu les lendemains
Désenchantés, et leur tristesse coutumière.

Ils sont venus sur la campagne et sur nos cœurs,
Il a neigé bien des linceuls aux froids vainqueurs ;
— Mais le ciel, des printemps d’azur neuf se décore,

Aux résurrections des avrils et des mais
La terre est toute en joie, et nous rêvons encore
Un renouveau d’amour qui ne viendra jamais.