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D’UN EXILÉ

Cap de Bonne-Espérance.

Le 15 la brise était un peu diminuée et soufflait du Sud-Est contraire à notre direction. Le soleil était brillant, et nous souffrions beaucoup de la chaleur dans l’entrepont où nous étions confinés.

Du 16 au 20, nous éprouvâmes un calme presque continuel. Dans cet interval un de nos compagnons prisonniers du Haut-Canada, appelé Priest, qui s’était embarqué malade mourut en partie du mauvais traitement qu’il avait reçu à bord et par le manque de douceurs si nécessaires à un malade. Il fut, comme d’usage, enveloppé dans un drap de toile auquel on attacha quatre boulets de canon, et jeté à la mer, en présence de trente six d’entre nous : durant cette opération tout l’équipage fut tenu sous les armes.

Du 21 au 23, nous passâmes le Tropique. Dans le cours de ces jours, j’eus la douleur de voir quelques uns de mes compagnons maltraité par un nommé Black qui, pour quelques méfaits avait été contraint de fuir du Canada et de prendre du service à bord pour ses frais de passage. On en avait fait notre surveillant et comme c’est l’ordinaire, il abusait de son autorité pour nous tourmenter, aussi bien que celui que j’ai eu occasion de mentionner plus haut — Niblett. Bien que nous nous plaignîmes souvent, au Capitaine Wood qui commandait le vaisseau, des mauvais traitements que les subalternes, sans son ordre peut-être, nous faisaient éprouver, il fut toujours sourd à nos plaintes : Jamais même il ne venait nous voir, comme tout capitaine aurait dû faire, afin de