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D’UN EXILÉ

et de tonnerre, choses forts fréquentes sous les tropiques et aussi très dangereuses. Il arrive souvent dans ces parages que des vaisseaux sont démâtés. Car les tempêtes y sont si subites et si violentes que quelquefois ils n’ont pas le temps de les prévenir. Les mâts sont alors emportés ou les voîles mises en lambeaux, et en dépit de toutes vos précautions, le vaisseau ne laisse pas d’être jeté sur le côté par la violence du vent. Mais heureusement que ces mauvais temps ne sont que de très courte durée.

La chaleur augmentait à mesure que nous approchions de l’Équateur et avec elle nos souffrances ; tellement qu’au matin, nos matelas qui étaient de l’épaisseur de trois doigts à peu près, étaient entièrement imbibés de notre sueur. Il nous fallait, pour comble de souffrances, nous mettre au lit à huit heures, et ne pas nous lever avant six heures du matin. Pendant le jour, la plupart de nous ne pouvait pas garder leur chemise, et nos pantalons étaient tout mouillés. Nous ne pouvions nous arrêter à aucune chose tant nous étions incommodés — car à la chaleur extrême de l’air de notre appartement, augmentée, encore par celle de nos corps et de notre haleine, se joignait la soif la plus ardente.

Du 31 Octobre au 5 Novembre nous éprouvâmes des calmes et des tempêtes passagères. Trois de mes compagnons furent bien malades pendant ces jours derniers au point que nous pensions qu’ils allaient mourir. Mais ils furent rétablis par du riz bouilli et du thé que leur procura le médecin du vaisseau. Nous rencontrâ-