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Page:Ducharme - Journal d’un exilé politique aux terres australes.djvu/21

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D’UN EXILÉ

âgé de quatorze ans. Le Canon des forteresses et de tous les vaisseaux de Guerre, qui se trouvaient dans le Port, ne cessa de retentir tout le jour. Les vaisseaux étaient tout pavoisés. Le soir il eut illumination dans la ville et grand nombre de Feux d’Artifice.

Enfin le 5 Décembre à six heures du matin nous levâmes l’ancre et mîmes en mer dans la direction du Cap de Bonne Espérance. Nous étions favorisés par une bonne brise de l’Ouest qui nous faisait faire sept à huit milles à l’heure la chaleur qui était si grande à Rio commençait à diminuer à mesure que nous nous éloignions de l’Équateur. Cette même brise nous conduisit jusqu’au 16 ; pendant ce temps on nous servit le sucre et les fruits qu’on nous avait achetés à Rio, ce qui servit beaucoup à rétablir notre santé qui était considérablement altérée tant par le mal de mer que par la mauvaise nourriture que nous recevions.

Le 17 il faisait un vent violent Sud Quart Est. Le ciel était couvert de gros nuages. La fraîcheur commençait à se faire sentir, plusieurs même furent contraints de mettre des Habits d’Hiver.

Dans le courant de la journée il faillit arriver un accident grave. Une des sentinelles qui montait la garde dans notre appartement avec un pistolet à la main, soit par hasard ou autrement l’accrocha, en se tournant à l’un des barreaux de la Grille de l’Écoutille. Le coup partit au milieu de nous et la balle passant entre les jambes d’un des prisonniers du Haut Canada,