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JOURNAL

souffrance et de peine, pendant que chaque instant nous rapprochait de notre patrie, nos familles et nos amis.

le 12, le même vent continua à souffler avec la même violence. Nous fûmes forcés d’amener bas les hautes voiles ; plusieurs d’entre nous eurent le mal de mer, mais bien moins que lors du premier voyage, ce que l’on doit attribuer à la nourriture moins grossière ainsi qu’à la liberté d’être sur le pont du matin au soir, du soir au matin. Vers six heures, le vent augmenta à un tel point que plusieurs s’en effrayèrent, et durant la nuit le vaisseau fut tant agité que nous pûmes à peine demeurer dans nos lits. Chaque vague y jetait un gros volume d’eau, le vent était accompagné d’orage.

le 13, même vent, mais beaucoup plus violent, un orage, de tems en tems, tems couvert, la mer extrêmement grosse, à chaque instant le pont submergé par les flots. Nous filions toujours en bonne direction pour le Cap Horn : — L’on commençait à s’apercevoir que le tems refroidissait à mesure que nous avancions au Sud, car notre route était Sud-Est.

le 14, le vent toujours du même côté, mais moins violent : nous eûmes plusieurs orages dans le courant du jour.

le 15, le vent très violent, Ouest Sud Ouest, accompagné d’orage, la mer était si grosse que nous fûmes obligés de descendre dans l’entrepont pour nous soustraire aux vagues qui se précipitaient sur le pont. Le nombre des malades était diminué, nous faisions toujours bonne route.