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HISTOIRE DE RENNES.

En effet il ne tarda pas à en avoir la preuve. Dès l’année suivante, la disette se fit sentir aux légions qui occupaient le pays sous ses ordres. C’était la ressource accoutumée du vaincu, et tous les efforts du vainqueur tendaient à prévenir ce danger. Des ôtages avaient été exigés comme garantie de la tranquillité et de l’exactitude du paiement de l’impôt en nature. En le refusant, les insultés pensèrent qu’ils obtiendraient la restitution de leurs otages. Pour en être plus sûrs, ils prirent eux-mêmes des otages du vainqueur, en retenant prisonniers les commissaires romains que leur envoya P. Grassus pour réclamer des envois de grains ou menacer de la vengeance de César. Ce dernier était alors en Italie où l’appelaient souvent les intérêts de son ambition. Les cités armoricaines profitèrent de son absence pour organiser une ligue générale dans le but de secouer le joug de Rome encore mal affermi. Les délégués du pouvoir romain sont expulsés de toutes parts ; les chefs gaulois unissent leurs peuples dans une vengeance commune ; des secours sont obtenus des frères de l’île de Bretagne. Ne sont-ils pas de la même origine kimrique ? Quand tout est prêt y et que l’étincelle partie du pays des Vénètes a embrasé toutes les cités maritimes, que Crassus croyait avoir soumises en s’y montrant, on envoie un message au jeune lieutenant de César[1] : Si Crassus veut recouvrer ses envoyés, qu’il rende ses otages !

César, on le sait, répondit à ce message par une conquête plus réelle que celle de Crassus, mais qui lui coûta de longs et pénibles efforts, et se termina par un combat naval où la puissance des Vénètes ne succomba pas sans gloire.

Est-il possible que les Rhedones n’aient pas pris part à cette lutte pour l’indépendance nationale, bien qu’ils ne soient pas spécialement désignés dans le récit du vainqueur ?

  1. César, liv. 3, ch. 7 et 8.