pays franks, qui voyaient tous les événements de leur époque, et jugeaient ceux des époques antérieures à travées le prisme de la royauté franke qui les dominait, ont écrit, dans les annales de Saint-Bertin, qu’Erispoë vint trouver Charles à Angers, et lui ayant livré les mains en signe d’hommage, en reçut non seulement les insignes royaux, mais encore tout ce qui avait formé l’étendue des états de son père, et de plus les villes de Nantes et de Rennes. Nous avons vu que l’autorité de Charles-le-Chauve sur ces deux villes n’avait jamais été que celle d’un maître de passage, souvent expulsé de sa conquête. Il donnait ce qui ne lui appartenait pas ; car le droit du plus fort, le seul titre de ses prédécesseurs depuis la conquête des Frisons, était passé du côté du nouveau chef. Il est probable, comme la suite des faits nous le prouvera, que ce droit de suzeraineté réservé par le roi frank fut purement nominal. Le traité de paix conclu à Angers laissa Erispoë maître réel et indépendant en Bretagne, puisque Charles ne cessa de chercher et de saisir les occasions de limiter la puissance qu’il avait d’abord accordée au roi breton.
Une circonstance favorable ne tarda pas à s’offrir (852) : un neveu de Nominoë, Salomon, disputa la couronne à son cousin Erispoë, et prit pour arbitre Charles-le-Chauve, qui s’empressa d’accepter, et, violant le traité d’Angers, donna le tiers de la Bretagne au réclamant. Erispoë refusa de se soumettre à cette décision ; Charles-le-Chauve vint pour la cinquième fois porter la guerre en Bretagne. Erispoë vaincu abandonna le comté de Rennes à Salomon, qui, sans doute par reconnaissance de ne pas perdre davantage, se reconnut vassal de la couronne de Franc.
L’évêque de Nantes, dépossédé par Nominoë, fut alors réintégré sur son siège, et Warnarius occupa celui de Rennes. Charles-le-Chauve allait s’assurer la possession du reste de la Bretagne, en unissant son fils à la fille
