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Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/106

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décrété de prise de corps et si Voltaire pouvait se moquer impunément de tant de choses et de tant de gens, c’est parce qu’il y avait, entre Ferney et Paris, cent cinquante lieues et la frontière. Mais à Paris, on était en proie à Omer et aux Oméristes. Un ouvrage, qui avait les dimensions de l’Encyclopédie, ne pouvait se glisser sous le manteau ; on y répondait d’ailleurs de tous les volumes ; on devait les imprimer et les publier au grand jour, et pour cela, il fallait obtenir, c’est-à-dire mériter le privilège du roi.

En un mot, pour que l’Encyclopédie parût, il fallait que l’étourdi et naïf Diderot eût pour associé et pour guide quelque rusé compère : bien lui en prit de cheminer, c’est-à-dire, de pouvoir louvoyer avec d’Alembert, car celui-ci fut vraiment l’indispensable matois et, suivant le mot expressif et juste de Barruel, « le renard de l’Encyclopédie ».

IV


Il fallait d’abord annoncer l’Encyclopédie au public et préparer celui-ci à la bien comprendre : en novembre 1750, Diderot, en un court Prospectus, avait posé la façade du vaste monument ; en juillet 1751, d’Alembert, par son Discours préliminaire, en construisit, pour ainsi dire, le vestibule grandiose. Il y présentait aux lecteurs les sciences et les savants dont il allait être question dans le corps de l’ouvrage : en de larges aperçus philosophiques, il expliquait d’abord comment les sciences étaient nées, dans la suite des temps, les unes après les autres et les unes des autres, et il montrait ensuite quels étaient, chez les différents peuples et aux différentes époques de l’histoire, les savants et les penseurs qui avaient le plus contribué à ce