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Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/13

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Il s’agit, avant tout, pour les philosophes, de combattre le catholicisme : or celui-ci, se proclamant infaillible, devait rester, à travers les siècles, fidèle à lui-même dans ses dogmes essentiels ; et, en effet, tel il avait régné au moyen âge, tel il prétendait encore dominer au temps des Encyclopédistes, immuable et hostile à tous les progrès de la raison humaine. « Voilà donc, s’écrie Bossuet, la religion toujours uniforme ou plutôt toujours la même dès l’origine du monde » ; car « l’Église est restée inébranlable[1]. » Et ailleurs ; « L’Église ne varie jamais » ; en effet, pourquoi varierait-elle ? « La vérité catholique, venue de Dieu, a d’abord sa perfection. » Dès lors, de tous ceux qui, philosophes ou savants, ont contesté un dogme ou ébranlé un des fondements de l’autorité de l’Église, on peut dire qu’ils ont combattu le combat de la raison et préparé le triomphe de la science et de la philosophie. Mais, parmi tous ces prédécesseurs des Encyclopédistes, nous ne citerons ici, pour caractériser leur œuvre à grands traits, que les hommes ou les groupes d’hommes qui ont le plus puissamment collaboré à la réhabilitation de ces trois choses qui nous serviront, dans cet ouvrage, de perpétuels points de départ ou de ralliement, parce qu’elles résument, à elles trois, toutes les aspirations du dix-huitième siècle, et qu’elles pourraient être inscrites comme devise au fronton de l’Encyclopédie : Nature, Raison et Humanité.


II


Occupons-nous d’abord de la nature : « La seule religion contre la nature, a dit Pascal, est la seule qui ait toujours été ! » Dans la doctrine chrétienne, l’homme est incapable, par lui-même, de trouver la vérité, de faire le bien et de mériter et même de goûter le bonheur. « Nous souhaitons la vérité, dira encore, avec son amère éloquence, l’auteur des Pensées, et ne trouvons en nous qu’incertitude. Nous

  1. Disc. sur l’Hist. univers., 2e p., ch. 1.