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Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/279

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de l’autel, se joignit assez témérairement un petit bataillon de volontaires laïques, pamphlétaires ou poètes, qui, pour se faire un nom ou capter les faveurs de la cour, se jetèrent tête baissée dans la mêlée, au risque, et ils devaient s’y attendre, de se voir étrillés de main de maître par l’infatigable justicier de la philosophie qui siégeait à Ferney. Quelques-uns, par peur des étrivières, n’osèrent signer de leur vrai nom leurs pamphlets, qu’il nous suffira, du reste, de mentionner, tant leur platitude les rendait inoffensifs. Il nous importe peu, par exemple, que ce soit Poinsinet ou tout autre qui, sous le nom de Cadet de Beaupré, a fait dire à Diderot, M. Fagot pour la circonstance, un tas d’inepties dans une comédie en un acte intitulée : les Philosophes de bois (1760). Et nous ne rechercherons pas davantage qui a pu écrire le Bureau d’esprit (1776), sot pastiche des Précieuses et des Femmes savantes, où l’on fait de Mme Geoffrin une pédante qui prépare « des mots » pour son fameux voyage de Varsovie. Signalons encore, en passant, quelques vers de Dorat sans méchanceté, non sans malice, contre la vanité des Encyclopédistes. Notre Céladon littéraire, entre deux baisers à Zelmis, assène assez gentiment sur les doigts de Callidès (Diderot) quelques coups de sa houlette aux rubans défraîchis. Par exemple, Diderot s’écrie, dans les Prôneurs (1777) :

Nos aïeux écrivaient et nous avons pensé !
… Nous protégeons les Grands, protecteurs autrefois.


Dorat, au reste, l’intarissable Dorat, comme s’il voulait se faire pardonner les niches qu’il faisait de temps à autre à l’Encyclopédie, invectivait de son mieux, après l’avoir pillé dans ses Prôneurs, le grand ennemi des Encyclopédistes. Palissot, et il stigmatisait en ces termes l’heureux auteur des Philosophes : « un auteur flétri par son succès. » Il n’y a pas, jusqu’ici, dans tous ces méchants vers à leur adresse, de quoi terrasser les Cacouacs. Mais, qu’est-ce donc exactement que les Cacouacs ?

Ce sobriquet énigmatique et saugrenu, qu’on trouva