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Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/282

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ment le sait bien et, par surcroît, ne le dit que trop bien :


Tous méritaient ta haine : ils étaient trop fameux.


Et, d’un trait non moins sûr, et plus cruel encore puisqu’il atteint l’amour-propre de Voltaire, il marque les limites de ce talent « qui possède à ravir


L’art de tout effleurer, sans rien approfondir.


Sans doute, comme le répètent les philosophes, la fureur fanatique est haïssable et aussi les guerres de religion avec toutes leurs horreurs. Pourtant l’on se battait bien dans ces temps maudits, car


… Ce sang qui baigna l’autel du fanatisme,
N’éteignit point l’honneur, père de l’héroïsme.


Or, votre philosophie actuelle fait-elle plus de vaillants que ce christianisme si décrié ?


Où sont-ils, ces héros, ces vertueux modèles
Que l’Encyclopédie a couvés sous ses ailes ?


— Avec une verve plus indignée encore, enflammée qu’elle était à la fois par la rage de se faire un nom dans les lettres,


Il n’est qu’un vrai malheur : c’est de vivre ignoré.


et par les mauvaises suggestions de la faim et de la rancune (d’Alembert avait promis, puis refusé de lui faire obtenir un préceptorat), un autre satirique, Gilbert, devenu le protégé de Fréron, flagelle ces philosophes qu’il envie et qui l’ont repoussé :


Vous, auteurs qui, nageant dans un flot de richesses,
Prêchez l’humanité dans vos écrits pompeux,
Répondez ! Avez-vous jamais, par vos largesses,
Tari les pleurs amers de quelque malheureux ?


Et qui sont-ils pourtant ces auteurs tant prônés, surtout