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Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/283

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par leurs amis ? Les voici, les uns après les autres, avec leurs vrais titres de gloire :


Saint-Lambert, noble auteur, dont la muse pédante
Fait des vers fort vantés par Voltaire qu’il vante,
Qui, du nom de poème ornant de plats sermons,
En quatre points mortels a rimé les Saisons.
… Et ce lourd Diderot, docteur en style dur,
Qui passe pour sublime à force d’être obscur ;
Et ce froid d’Alembert, chancelier du Parnasse,
Qui se croit un grand homme et fit une Préface.


Et il s’acharne, nous savons pourquoi, contre cet intrigant d’Alembert qui, à si peu de frais, s’est fait un si grand nom, et contre cet effronté La Harpe qui, sans autre titre que ses tragédies tombées à plat, les flagorneries de son Mercure et ses flatteries à son cher « papa » Voltaire, a accaparé tant et tant de prix à l’Académie, qu’il a fini par y usurper un fauteuil. Et tous les deux, d’Alembert et La Harpe, il les nommera par leur nom et détaillera ainsi leurs mérites :


Sous une périphrase étouffant ma franchise,
Au lieu de d’Alembert, faut-il donc que je dise :
C’est ce joli pédant, géomètre orateur,
De l’Encyclopédie ange conservateur ;
Dans l’histoire chargé d’inhumer ses confrères,
Grand homme : car il fait des extraits mortuaires.
Si j’évoque jamais du fond de son journal
Des sophistes du temps l’adulateur banal,
Lorsque son nom suffit pour exciter le rire,
Dois-je, au lieu de La Harpe, obscurément écrire :
C’est ce petit rimeur, de tant de prix enflé,
Qui, sifflé pour ses vers, pour sa prose sifflé,
Tout meurtri des faux pas de sa muse tragique,
Tomba, de chute en chute, au trône académique ?


À les en croire, tous ces charlatans de philosophie, eux seuls savent écrire, penser surtout ! Quant aux grands maîtres du siècle passé, on sait assez quel cas ils en font et comme ils les ont bien jugés :