Aller au contenu

Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

laquelle Voltaire devait s’empresser d’aller à l’Encyclopédie : c’est que l’Encyclopédie était le répertoire de toutes les connaissances à la fois et que Voltaire était l’esprit le plus universel de son siècle. N’avait-il pas écrit, dès 1737, à Thieriot ces nobles paroles : « Il faut ouvrir toutes les portes de son âme à toutes les sciences et à tous les sentiments ? » Et pratiquant, on sait avec quel succès, cette belle maxime, il avait été lui-même encyclopédiste bien avant l’Encyclopédie. On le voit, même après sa longue absence, le commensal de Frédéric n’avait, à son retour, qu’à demander, comme plus tard Figaro, « de quoi il était question » ; il était prêt sur tout et même il sera prêt à tout dans cette guerre à l’infâme, dès qu’il se sera mis « à l’abri des chiens », dans son fort de Tournay. Voyons maintenant à l’œuvre ce nouvel Encyclopédiste.

Ouvrier de la troisième heure, il fait d’abord le modeste : il n’est qu’un « manœuvre » aux ordres de Diderot et de d’Alembert. Lui qui a dit : « Les compliments ne coûtent rien », et qui l’a tant prouvé, il en accable ses deux « maîtres encyclopédiques », dont l’un lui rappelle Platon, et l’autre, Protagoras. Puis, empruntant ses compliments à la mythologie, il déclarera que, pour soulever l’écrasant fardeau de l’Encyclopédie, il ne faut rien moins qu’Atlas et Hercule réunis. Pour lui, trop heureux d’apporter au grand édifice ses pauvres « cailloux », il accepte, sans la moindre objection, les articles qu’on lui propose et, comme il les écrit avec cette heureuse facilité et cette grâce piquante qui ne sont qu’à lui, on les reconnaît tout de suite à la lecture ; la plupart étant purement littéraires, l’auteur n’y a mis, comme l’a très bien dit La Harpe, que ses talents, non ses passions. Il suffit donc, pour les louer, de dire qu’ils sont de l’excellent Voltaire : esprit, grâce, et bien d’autres articles du même genre, voilà la part de Voltaire, et voilà aussi les perles de l’Encyclopédie.

Au moment où il se mettait à l’œuvre, en 1755, il écrivait : « Tant que j’aurai un souffle de vie, je suis au service des illustres auteurs de l’Encyclopédie ». Trois ans après,